Elle courait pieds sur l’asphalte trempée, et n’hésitait jamais à sauter dans ses flaques d’eaux de sa plus grand volonté, et y laisser quelques fibres, un peu de son électricité. Elle planait de rêves, elle dansait des âmes, qu’elle est belle cette poupée étiolée des péchés humains. Elle était irréelle, elle était inhumaine tant elle semblait briller de la bénédiction des divinités. Elle est transit d’une douceur dont on a rarement vu les portraits, elle est de toutes ses princesses que l’on décrit comme richesse. Elle est féerique, déambulatoire, toujours sembler sur le dernier fil de la vie, et de ses ailes blanches, garder l’équilibre.

Et de cette aventure qu’est la vie, on l’appelait Ulysse. Peu commun, surtout que c’est plutôt l’nom qu’on donnerait à un gamin. Pourtant, ça lui colle à la peau, ça suinte de tous ses pores. Ulysse, de cette épopée où les dieux l’ont foudroyé d’une chance de retrouver son foyer, elle, était plutôt de ces enfants qu’on gardait enfermée. Maman qui la protégeait, maman qui la chérissait, car enfant des dieux, du dieu, de foudre érotique et amour fantaisiste, elle était sa plus belle de toutes ses filles. Maman qui refusait de la voir voler au vent, maman qui frappait plus fort que les éclairs et grondait lourdement comme un orage. Maman qui refusait voir sa fille ne pas être la plus sage. Tiens toi droite, elle vacille. Choisit, elle oscille.

Ulysse, elle est nébuleuse, elle est étrange, elle est tangible et dansante. Elle ne croit pas avoir eu un jour réellement les pieds sur terre, c’est comme si depuis toujours elle était appelé, transit, par les dires de son père. D’une voix dans sa tête, elle n’entendait plus rien que le désir de s’affranchir, de réussir. Et trop de fois quitter le foyer sans même mesurer que maman pourrait s'inquiéter. Quitter la maison, quitter le luxe, quitter ses sœurs, tout ça pour la rue, le plaisir du simple, tout ça pour la rue, c’est elle qu'elle convoite. Car de l’asphalte, elle rentre en contact avec l’air, et ses nuages qu’elle toucherait presque.

Gamine n’est jamais rentrée à la maison. Au début si, puis un jour elle a décidé que c’était fini, qu’elle pouvait bien vivre sa vie. Elle n’a jamais voulu qu’on l’enferme, maman avait trop jouer de ses sentiments faibles, car Ulysse n’est pas naïve mais n’est pas pour autant ferme. Elle est insensible à tout, et pourtant émotive d’un rien. Elle est de rien à rien, elle tourne avec le courant, elle bouge avec le vent. Simplement légère, une plume, de l’innocence et pourtant d’une mystérieuse opacitée. Personne ne comprend ce que ses yeux peuvent voir. De quel diable est-elle hantée celle qui semble incapable de péché ? Elle s’éloigne, elle revient, elle part et pourtant on la retrouve si vite à notre bras. De quoi sont faites nuits, dort-elle les yeux ouverts ? Et pourtant, elle est magnétique, elle est attirante, elle est folie. Elle ne cède à rien, pourtant envieuse et curieuse, que la pomme se trouve sous son nez, qu’en est-il si elle venait à goûter au péché ? Serait-elle dépourvue de ses ailes ? Retrouverait-elle contact avec la terre ?

Et pourtant, tout ce qu’elle souhaite, c’est se faire une place dans ce ciel. Elle n’est pas bête, juste ailleurs, près des dieux, loin des pleurs. Éternelle enfant qui ne sait pas ordonner les choses, contrôler ses sens. Elle n’est pas immature, juste dans la lune, près des siens, cherchant l'ascension dans un nuage clandestin.

Elle ne rêve que de ça.
Elle ne rêve que de lui.
La liberté, la vie.