eragonbella
Âge |
24 ans
Cursus |
Acting
Nationalité |
Allemande
Wilhelm Hohenthal
Le serpent se glisse avec malice au pied de sa tutrice. Écoutez donc cet énième caprice.
Et vous savez qui sera le plus à plaindre ? Notre pauvre nourrice. Elle n'avait jamais été coupable ni même complice du moindre vice, la pauvre actrice. La pauvre jeune fille pleine de bonnes intentions n'était coupable d'aucune malversation. Et ce travail, si elle le supportait si durement, c'était surtout pour ses propres enfants, notez le dévouement.
- Madame, je peux tout vous expliquer, tenta-t-elle d’exprimer.
Mais ses paroles furent abruptement interrompues.
- Assez !
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L'injonction avait résonné dans le couloir immense du foyer. Et le verdict, on le savait, il allait bientôt suivre. Terrible serait le moment où ce dernier serait prononcé. Mais dans les yeux du garçon, on lisait surtout de l'amusement. Ces billes vertes fixaient celle qui s’occupait de lui depuis quelques semaines maintenant. Atroce était la lueur sadique qui brillait dans ces iris maladifs. Il ne comprenait même pas les conséquences de ses actions ? C’était plaisant de faire souffrir les autres ? Bah, voyons ! Cruel est ce garçon !
Ce cinéma qu’elle endurait, c’était à cause de toi.
Et la situation te faisait rire, petit ? Mais sache que tu venais de gâcher quatre vies.
Félicitations, qu’on applaudisse notre bon Roi !
- Elle m’a même dit non !
Horreur. Détestable négation ! L’étonnement s’était scotché au visage de celle que l’on accusait des pires méfaits.
- Mais c’était pour éviter que tu ne tombes.
Le poison s'était déversé dans le sang de la patronne exaspérée. On avait dit non à son dernier prince préféré. Et cette bonne essayait tant bien que mal de se raccrocher aux branches qu’elle avait elle-même sciées. Le pire dans ce récit, c’était qu’involontairement, elle continuait.
- Vous remettez en doute les paroles de Wilhelm ?
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Et dans un élan de comédie, le garçon avait fondu en larmes.
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- Vous êtes virées, Adélaïde ! Prenez vos affaires et quittez les lieux !
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Madame Hohenthal avait vraiment cru l'enfant choyé ? Et cette décision catastrophique Adélaïde l’avait réellement envisagée ?
La dame de maison avait coupé court à la conversation. Elle s’était avancée pour quitter le couloir où le spectacle s’était achevé. Mais avant que le rideau ne tombe sur les trois protagonistes, un élan d’espoir s’était dévoilé.
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- Madame, je vous en prie, écoutez-moi.
Volte-face, mots de trop qui glissent.
- J’ai dit assez !
Il ne s'agissait que de mensonge et la loi est ainsi faite : il ne fallait jamais aller à l'encontre de sa majesté malhonnête. Adélaïde avait voulu asseoir une autorité sur un enfant pourri gâté. Pensait-elle un instant qu’elle gagnerait ? Si elle avait su ce que cela lui coûterait, peut-être que finalement, elle lui aurait obéi à ce gamin malpolie. Et elle l’aurait laissé jouer dans un endroit interdit.
- Mon mari s’occupera des formalités mais dorénavant vous ne travaillez plus pour cette famille ! Venez Wilhelm et cessez donc de geindre !
Dans ces salons dorés, le petit Wilhelm était adulé. C’était ainsi, il fallait l’accepter.
La langue de la vipère s'était déliée sur des notes dénuées de véracité. Mais plutôt que de remettre en doute la parole de l’insolent on avait préféré punir l’innocente.
Cet épisode n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Élevé en prince, ses désirs valaient consigne et gare à tous ceux qui seraient en désaccord avec cet accord.
Oui, il était devenu l'archétype de l'étudiant privilégié,
Des billets tombaient dans ses poches sans qu'aucun effort de sa part ne soit donné.
Et avec ses meilleurs amis : les dits-billets, il achetait : dernier téléphone, costumes sur mesure, devoirs, habits haute couture…
De toute façon, ce ne serait pas à la sueur de son front qu’il paierait les factures.
Et si jamais il était confronté à la Difficulté, ce serait grâce à l'argent qu'il s'en sortirait.
Ces bulletins scolaires irréprochables n'étaient pas seulement dû à des heures d'études acharnées,
En réalité, ses résultats auraient été médiocres sans ces intervenants grassement payés.
Des professeurs particuliers l'avaient aidé à obtenir ces diplômes vénérés.
Dans un autre monde, sans ces splendides connaissances argentées,
Aurait-il eu la même aisance et les mêmes facilités ?
Le monde lui offrait tout, tout lui était donné.
Alors, comment aurait-il pu la développer cette empathie ?
Comment aurait-il pu être un tant soit peu compréhensif et attentionné avec autrui ?
Il arpentait l'école en prince,
Ses études aisées étaient devenues son second décor.
Et ce masque arrogant était devenu trop important.
Jouait-il un rôle lorsqu'il devenait cruel ? Ou était-ce simplement Wilhelm au naturel ?
Finalement, ce jeu d’acteur lui plaisait et il voulait maintenant en faire son métier.
Ces rôles, il rêvait de les jouer. Sur ces écrans, un jour, il jurait de briller. Et sur ce petit espace, un jour, vous aussi vous lui laisserez votre place.
Poussé dans les bras de la tragédie, il n'avait pourtant jamais été confronté aux difficultés de la vie.
Jusqu'à ce que, loin des regards heureux, l'artiste assiste à la pire des œuvres.
Le divorce de ses parents. Et la scène se termine dans les pleurs.