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rehsaan

Âge |

Vingt-trois ans, née le 1er mars - petit poisson, de l'année du dragon : 2000.


Cursus |

Toi ? Toi c'est la littérature anglaise, principalement. Car à côté, ton vrai et grand amour, c'est la dramaturgie. C'est les planches. Ton cœur qui s'accélère, tes mains moites, la lumière terriblement artificielle des halogènes qui éclairent ta future scène. Et le moment d'avancer, tes pieds effleurant le sol. Et là, tu ris, tu pleures, tu inventes, tu te tords, tu cries, tu hurles des amours disparus en mer, tu te lamentes d'un monde perdu. Tu mimes, tu inventes. Ton vrai amour, oui, c'est les planches. Mais tu retrouves l'invention, tu retrouves la poésie, la beauté, la fracture, dans les lignes pensées, dans les lignes rédigées. Tu trouves même du charme à l'ennui qui t'éprends parfois en les parcourant.


Nationalité |

Thaïlandaise, née à Hua Hin. Enfin c'est ce qu'il se dit. Parce qu'en fait, Rune, tu t'y retrouves pas trop. Sans ton nom, sans ton prénom, sans tes parents, sans ta face, sans tes souffrances et leurs regards, parfois t'as pas l'impression d'avoir grand chose de thaïlandais. T'es pas complètement dépaysée. Tu retrouves des éléments, comme un murmure de ton ancien chez toi. Mais ta langue, culture propre, elles s'effacent doucement. T'as parfois l'impression de mieux parler coréen que thaïlandais, et pourtant, tu en maîtrises, des langues. Comme une espèce d'oreille absolue du blablatage international - en beaucoup moins performant. Tu piges pas toujours tout, tu parles pas toujours bien, mais ton cerveau connecte des "tic" au "tic", les "tac" au "tac", et tu piges vite comme "comment qu'il faut causer" pour te faire à peu près comprendre. C'est valable pour tout (du moins des langues auxquelles t'as été en contact : anglais, italien, espagnol, allemand, chinois, coréen : tu les parles pas tous bien évidemment, mais dans le tas, tu maitrises parfaitement l'anglais et le coréen [même si tu butes encore un peu sur le deuxième], tu lis et parles un peu d'italien, tu comprends l'allemand oral et écrit, et tu captes quelques babioles en chinois. 

Sauf le thaïlandais. Tu bégaies, tu oublies, tu confonds, parce que papa et maman t'ont toujours parlé coréen depuis ton arrivée, parce que l'anglais prend une trop grande place.

En même temps, tu y as passé plus de temps, en Corée du Sud, depuis ton arrivée, à tes neuf ans. Et papa et maman veulent plus trop te le parler.

Rune Anant

DreamsThe Cranberries
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Il y'a des gens qui apparaissent éphémères. D'une lumière tellement vive, tellement forte, qu'on sait qu'elle ne peut durer éternellement. Ou du moins pas pour nos yeux.

C'était à ça que tu pensais, toi, quand tu voyais ces espèces de bougies aux milles étincelles sur le gâteau d'anniversaire des autres. "Tu seras comme ça."

Mais tu t'es aperçue que pour être comme ça, fallait être un peu inaccessible. Parce que ça brûle, ces machins-là. Et tu préférais vivre sans blesser.

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Il n'y a rien qui ne se romantise pas un peu chez toi. Petite, tu as toujours été très solitaire, très maladroite. Comme une vilaine tâche de peinture sur un beau tableau.

Puis tu as ouvert un vieux livre anglais, un bouquin à l'eau de rose. Et l'héroïne, elle était intrépide - Elizabeth de son prénom. Elle disait ce qu'elle pensait. Espiègle, joueuse, sûre d'elle. C'est comme ça que tu as construit ta persona.

Et c'est comme ça qu'on connaît Rune. Avec ses cheveux rouges, auparavant blonds, naturellement noirs. Au grand sourire. Énergique, pleine, entière. Qui doute peu. Espiègle, comme elle tu es, joueuse ? Tout autant.

Au début, tu faisais semblant. Tu masquais ta timidité, et tu en faisais un peu trop, mais désormais, tu es juste comme ça. Et ça te va. Tu le dis bien : les gens ne savent pas différencier une fausse confiance en soi d'une vraie - alors tu as fais semblant jusqu'à ce que va marche sur toi.

 

Mais chaque chose a un revers. Ne blesser personne, pas vrai, Rune ? Ne pas trop laisser d'accès, oui.

À faire ainsi, tu as construit une forteresse. On peut te voir hypocrite, on peut te dire fausse. Superficielle, dans tes relations. Quand les gens s'approchent un peu trop, qu'ils fouinent un peu trop, tu les repousses doucement, brusquement, selon ton toi du moment.

Tu vis tout intensément, et te suivre n'est pas de tout repos.

Mais avant tout, Rune, profondément, vraiment : t'es paumée. Et ça vaut pas que pour ton sens de l’orientation désastreux. T'es juste, tellement, purement, paumée. Dans ta vie. Tes relations, surtout. Sur ton existence en général. T'avance dans un grand flou terrible que tu masques. Mais ça te rend pas toujours de confiance. Mais bon. Tu fais toujours de ton lieux, ça compense.

 

​

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De l'extérieur ? De l'extérieur, on te dit :

Espiègle, mature (surtout face à des urgences - sinon t'es une enfant face aux relations sociales), énergique, douée, tête en l'air, perfectionniste, butée, altruiste - selon les humeurs et les gens, dure à suivre, maline, distante, excentrique, passionnée, jusqu'au-boutiste, tactless.

Selon qui on écoute, aussi.

De toute manière on vient pas te voir pour une oreille attentive, Rune. Les gens le savent, t'es pas spécialement là pour être gentille. Oh, t'es pas vilaine. Mais juste trop vive.

Une histoire ? Un truc ? Tu racontes rien. Départ de Thaïlande, arrivée en Corée. Des parents qui se disent qu'ils doivent faire leurs preuves, et donc, par extension, mini-Rune aussi. Tu faisais partie de ces gosses avec des journées interminables : piscine à un moment, cours de chant, de danse, théâtre, cours du soir. T'as tout fait. Sans le droit d'être malade. T'as aussi failli faire partie de ces gosses tellement rongées par le stress que tu as failli approcher l'eau d'un peu trop près. Mais il y'a toujours un petit truc qui t'a retenue. Le théâtre. Et les bouquins.

Depuis, tu parles plus trop avec tes parents. Le stress ? Toujours là. Tu es perfectionniste. Mais tu as accepté l'idée de ne pas être la meilleure. Même si ça reste une pilule difficile à avaler, tant elle s'entremêle à la frustration d'occasions ratées, de rendez-vous manqués.

Ton enfance a pas été facile, Rune. Ton adolescence non plus. Elles t'ont fragilisées. T'ont cassées. Mais elles ont fait la personne que tu es aujourd'hui. Alors tu peux pas vraiment leur en vouloir.

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