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rehsaan

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[Aubrey Williams. Aubrey. C'est maman qui l'a choisi. Parce que c'était comme Audrey, mais que ça sortait un peu du lot.]

 

Âge |

Vingt-trois ans, là, tout de suite. T’es née le 15 novembre 2000. Une scorpion, jusqu'au bout des ongles.


Cursus |

Ta passion, ton amour, ta vie ? La mode. M’enfin. C’était surtout quand t’étais plus jeune. Mais t’as pas vraiment trop trop eu le choix, avec maman qui te poussait aux fesses. Bref, toi, ce que tu fais, c’est des designs. Et t’es vachement douée - sinon tu serais pas trop là. Même que tu portes tes créations, parfois - souvent, avec quelques trucs de marque autour parce que tu vis à travers le terrible prisme du capitalisme et que tout ce qui ressemble de près ou de loin à un logo te crie “achète-moi”.

En vrai ? T’es plutôt photographie. Mais t’as pas eu le droit de poursuivre là-dedans (en fait c’est surtout que t’as osé le dire à personne). Du coup t’es pas la meilleure dedans - parce que pour s’améliorer faut aussi s’afficher à la critique. Et ça, t’en as pas eu le courage encore. 

Enfin bref. Tout ça pour dire que tes études, à toi, c’est la mode.


Nationalité |

Anglaise. Avec un léger accent de Liverpool qui s’entend encore, malgré tes efforts pour le corriger - parce que toi, tu l’aime pas.

Aubrey Williams

Beauty is EmpryMars Argo
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Caractère |

✧ Extravertie, entêtée, ambitieuse, parfois douce, à l'écoute - des angoissés, courageuse voire même effrontée, sans hésitation (tu t'appitoies pas sur ton sort, t'avance). Un poil histérique quand ça va pas dans ton sens, mais tu t'en remets vite.

Drôle, parfois, intéressée, sur certains sujets. 

Tu aiderais personne dont la tête te reviendrait pas, mais tu marcherais sous la pluie et l’orage pour aller recueillir un chaton abandonné dans un carton posé dans la rue, jusqu’à le voir en lieu sûr. 

Complexe. Maline, intuitive, vive voire tranchante. Tu fais les choses à ta manière. Intègre- envers toi-même et tes propres principes uniquement. 

 

✧  Rongée par le stress, tu l’es, Aubrey. Et oh, c’est pas bien beau à voir. Des phobies, de l’urticaire, des crises de panique, d’hyperventilation. C’est pas la première chose qu’on se dit, pourtant, en te voyant. Avec ta vilaine langue de vipère, tes gestes, ton air, ton existence même. Tu fais fuir les gens, tu fais même peur parfois. Avec tes mots méchants, tes piques acerbes, tu parais savoir blesser les gens et t’en ficher complètement, la plupart du temps.

Et à côté te voilà. Recroquevillée sur toi-même, en proie à une panique si intense, si horrifiante, qu’on a peur de te voir te briser là, d’un coup.

Tu attaques, tout le temps, violemment. Honnête, franche, tu dépasses même cette limite de “vérité”. Tu dis tout ce que tu penses, d’un ton pas toujours sympathique.

Mais serpent tu es, parfois. Manipulatrice. Tu tournes et retournes les mots, les situations à ton avantage.

Tu n’es pas une “bonne” amie, Aubrey. Toi d’abord, les autres après. T’es même pas sûre d’être une bonne personne.

T’es un bombe, prête à exploser à n’importe quel moment. T’es sans-cesse sur le qui-vive, prête à répondre, à te défendre, à sortir les crocs.

Tu pleures quand il le faut, tu ries si besoin, tu sors les griffes quand tu es acculée.

Tu n’es pas calme, ni même très compréhensive. T’as pas franchement d’empathie envers les humains - ou du moins tu l’écoutes pas.

Butée, têtue comme une mulle. Ambitieuse - parfois trop. Tu recules devant quasiment rien, toi.

✧ Aime l'attention, la couleur rouge. Vivre à travers le regard des autres. Les plats salés (trop). Les animaux - et oui, tes beaux manteaux de fourrure sont faux. Petite t'élevais même des phasmes. 

Végétarienne, t'aimes aussi : le thé (matcha), les fraises, les longues marches.

La couleur rouge, le bleu, le maquillage, l'hiver et l'été (t'aimes pas le tempéré). La nature, la photographie, les cabanes dans les arbres - comme quand t'étais petite. 

Renfermée, passionnée, amoureuse de la nature, terreur de consommation. Un peu perdue quoi, Aubrey.

 

✧ T'aimes pas les climatosceptiques - même si c'est très spécifique, la couleur orange, les bruits forts, qu'on te tienne tête, qu'on te réponde, qu'on se moque de toi, le métal, la compétition lorsqu'elle est sincèrement meilleure que toi, le noir, les espaces clos. Toi, dans la vie, tu paniques. La vraie de vraie, de panique. Tu en fais des crises. 

 

✧ T’es achluophobe, nychtophobe; peur du noir, de l’obscurité, de ce qui s’y cache. Claustrophobe. Ça finit en crises de panique. Le genre qui peut t’emmener aux urgences.

Quiconque te connait un minimum sait qu’il n’y a pas de quoi rigoler, sur ce point.

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TW: grooming.

Novembre 2000, t'ouvre les yeux. Maman te sourit, papa aussi. Et tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Papa est chef d'une entreprise qui revend des voitures, maman est employée de banques. T'as de l'argent, assez pour vivre, assez pour assurer un certain train de vie.

T'es une gosse un peu étrange, déjà. Nez dans tes livres sur la faune et la flore. Avec de grosses lunettes épaisses sur le nez, parce que ta vue a toujours été cassée.

Passionnée. Tu chopes des papillons, des escargots, des scarabées, que tu montres à maman en lui lançant un sourire un poil édenté. Elle crie, et tu comprends que ça marche pas comme ça. Elle les balaie violemment de ta main, et pendant un temps, t'en as même peur des bêtes: maman sait tout, maman comprend tout, alors si elle en a peur, pourquoi es-tu si sereine en leur présence ?

 

Mais t'avance dans la vie. Et tu comprends qu'elle sait pas tout. Ça te brise un peu le cœur, mais tu comprends autre chose, tu peux bien aimer ces p'tites bêtes, tant que toi ça te va.  Mais en secret. Parce que la nouvelle obsession de maman, c'est de rentabiliser ta tête, ton corps, et tout le package. Une enfant mannequin, au début. Puis la voie semble toute tracée. Tu te tais, tu troques tes lunettes pour des lentilles (tu détestes ça), tu subies les photoshoots, les longues heures d'attente. Mais ça éveille en toi un tout nouvel intérêt : la photographie. Tu fouines, tu regardes les photographes faire leur travail, comment ils procèdent.

Alors le temps passe, et tu supplies papa et maman de t'accorder une seule petite chose : un appareil photo. Et ils craquent. Bien-sûr qu'ils craquent. Ils craquent tout le temps avec toi et tes crises. 

T'es calme, douce, la plupart du temps. Mais tellement élevée par l'argent que t'en oublies souvent les bonnes manières. Alors te rouler par-terre pour t’assurer la réussite, en tapant le sol et en criant, ça te perturbe pas tant.

​

Et petit appareil en main, tu commences les photos.

Gosse un peu gauche, un peu isolée. Début collègue, t'as pas beaucoup d'amis, et ça t'en fait pleurer - t’es mi-inatteignable mi-trop bizarre. En regardant en arrière, t'as envie de lui mettre trois claques à cette blondinette mal dans sa peau, qui pleurnichait sans cesse.

Mais avec du recul, et un peu de vérité, ce serait plutôt un câlin, que t'aimerais lui faire.

Lui souffler d'emprunter un chemin plutôt qu'un autre, de croiser les bons regards, de ne pas trouver de la confiance ailleurs.

 

Papa et maman s’enfoncent dans leur travail, à tel point que tu les reconnais pas trop. Vous vous parlez pas trop, et maman s’énerve les rares fois où vous parlez. Parce que tu veux arrêter de jouer la poupée, mais que elle, elle adore. C’est son moyen de décompresser. Puis tu devrais aimer, non ? Tu te fais toute jolie, on te photographie. Ca devrait te plaire.

Mais vous vous disputez tant qu’en arrivant au collège, tu veux arrêter, brusquement. Tu râles dès qu’elle veut t’y emmener. 

Elle persiste. C’est pour ton bien, qu’elle dit. 

 

Toi t’essaies de piquer des crises, encore. De pleurer. Parce que si tu cries, ils te regardent, ils s’occupent de toi.

Tu pourries de l’intérieur, d’avarice, d’envie d’attention. Un vilain monstre qui dévore tout. Tu veux que ton père te fasse tournoyer encore, que ta mère te caresse doucement la joue. Que vous alliez manger des glaces ensemble.

T’en peux plus du silence, de l’isolement, des flashs, des longues après-midi, des murmures. De tout.
 

Et tu finis par y rencontrer Henry, sur ton travail.

Henry, il était passionné de photographie comme toi. Vous en discutiez longuement, et tu lui montrais tes photos, il les aimait bien. Puis lui aussi il disait qu’il avait beaucoup de pressions sur les épaules, que c’était pas toujours simple, ce monde. Vous vous ressemblez un peu, quand vous parlez.

Il n'y avait que lui qui te comprenait, que lui qui te trouvais jolie, vraiment. Pas avec les artifices.

Tu lui confiais tout, sur ce qui allait, ce qui n'allait pas.

Tes parents absents, trop accaparés par leur travail. Ton impression de ne pas avoir d'importance dans le monde. Des trucs assez classiques, en somme.

 

Et Henry, il t'écoutait, te conseillait. C'était cette oreille attentive, qui te faisait sentir spéciale, et que t'avais pas trop connue jusque-là.

 

C'était pas un sauveur. T'avais rien à sauver. Ta vie était correcte. T'étais juste une gosse un peu pourrie gâtée, un peu ostracisée, renfermée.

Et lui ? Lui c'était Henry. Il te regardait, il t'écoutait, t'existais, à travers ses yeux. Juste derrière ses lunettes rondes noireaudes.

 

Enfin.

Henry.

C'était plutôt *monsieur* Henry, pas vrai ?

Entre deux poses, il effleurait ton bras pour corriger ta posture, il t'adressait un sourire, il te soufflait de rester discuter après la séance - pour voir si le shooting était correct. C'était le seul numéro sur ton portable à cette époque "Henry" - en-dehors de papa et maman. Vous vous écriviez souvent des messages, à vrai dire. Même que vous vous appeliez, parfois. Papa et maman vérifiaient jamais.

Et toi ? T'avais tout juste quatorze ans. Il avait deux fois ton temps d'existence.

Le photographe, d’un de tes jobs, qui a duré un petit bout de temps, pour une petite marque du coin. Maman a rien vu, elle avait l’esprit ailleurs, et papa était même pas là. T’étais pas toujours à l’aise, avec son comportement, mais il te comprenait, alors tu passais au-dessus.

Puis il disait lui-même que c’était normal, alors c’était sûrement toi qui avait un problème.

 

Et c'était facile de se jouer de ton esprit, pour lui. Comme un patin, aux fils accessibles, aisés à tirer et manipuler. Un jeu. Une promesse à deux. N'en parler à personne.

Un secret innocent, dans ton esprit.

Jusqu'à les fourmillements deviennent une vibration désagréable, la caresse une poigne.

Jusqu'à ce que ça t'effraie. 

Jusqu'à ce tout aille trop loin.

 

Une fois.

 

Tu avais pris peur.

Crier. Pleurer. Taper. Paniquer. Rester bloquée.

Que quelqu'un n'arrive, alerté, juste avant que tout ne bascule pour de bon.

Mais pas assez tôt pour que ça ne retourne pas ton monde.

 

Que ton esprit n'en reste pas gravé à jamais.

Qu'en toi soit inscrite pendant longtemps la peur du contact, des mains posées sur toi, de la présence des autres.

Que ta confiance en eux soit à jamais brisée.

Que son visage se déforme pour venir habiter tes cauchemars.

Tes parents ont été horrifiés d'apprendre tout ça. Jamais tu ne les as vus si concernés par ton existence.

Ça a fait office de déclencheur, en quelque sorte. Ils ont vu qu’ils étaient pas assez là, t’as vu qu’ils t’aimaient toujours. Vous vous êtes pardonnés (t’en pouvais plus de les entendre s’excuser, à chaque fois, ça te froissait le cœur).

Et tu t’es endurcie. Un peu trop, que certains diraient. 

T’as changé subitement et t’es devenue celle qu’on connaît encore aujourd’hui. Bien qu’au début cette confiance ne soit qu’au façade. 

T’as plus jamais supporté qu’on te prenne en photo dans des conditions similaires ceci dit. Des selfies oui. Mais des photos en atelier ? Plus jamais. Tu ne veux plus jamais être le sujet. Maman a compris. Elle t’a plus jamais forcé à quoi que ce soit, en fait. Mais parfois tu vois encore dans son regard de la culpabilité quand tu grimaces alors qu’on propose une photo de famille, ou que quelqu’un que tu connais pas s’approche un peu trop près.

 

Tu as repris lentement le contrôle, mais t’as toujours eu du mal. Des fois, t’es encore en colère. Encore blessée, ça te réveille, ça ravive cette angoisse sourde. T’as personne pour t’aider, et tu demandes à personne. Tu te dis qu’ils comprendraient pas. 

Car dans un coin de ta tête, y’a une vilaine voix, qui te souffle que c’est de ta faute, que t’aurais du réagir autrement. Que t’aurait pas été fragile, silencieuse, hésitante, demande, féminine, t’aurais jamais eu à subir ça. C’est des conneries, tu le sais, mais ça suffit à te faire taire. 

D’autant plus que lui, il s’en est relativement bien sorti, apparemment. Le juge avait décrété qu’il ne s’était pas passé grand chose. Alors le type a juste été viré du boulot qu’il occupait à l’époque. Il a déménagé, aussi, alors il y a peu de chances que tu recroises son visage. Pourtant sa version ternie par les années revient habiter tes cauchemars souvent.

T’as vu des psys, pléthore de psys. Mais tu as toujours refusé de vraiment leur parler, et ça a été drôlement compliqué. 

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T’as quitté le lycée, jusqu’à entrer dans la vie active. T’as suivi une formation générale sur le métier de photographe, dans un centre de formation à distance de photographie, puis tu t’es spécialisée. Et maintenant t’en vies. T’as un petit cabinet rien qu’à toi, où tu photographies les animaux des gens, où tu vends tes propres photographies d’animaux sauvages : à des particuliers, à des journaux, ou autres. Et ça marche plutôt bien.

Mais t’es encore cassée Aubrey.

Peut-être pour toujours.

Mais tu fais de ton mieux, honnêtement.

Et c’est pas si mal comme ça.

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