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Identité |
Tu t’appelles Suzanne Vertucci, t’es une p’tite jeune de 21 ans, et t’es italienne. On t’appelle parfois Su, mais t’aimes pas trop qu’on abrège ton prénom. T’es née en Italie, à Milan. T’es issue d’une belle famille de riche, avec un père qui dirige un hopital privé, et ta mère qui est juge. T’as un grand-frère de 30 piges qui fait la fierté de ta famille et qui est un putain de sale prétentieux, ainsi qu’une petite-soeur à croquer de 16 piges qui est la chouchoute de tous, mais tu détestes cette sale petite peste.
Oui, Suzanne. En vérité, tu les détestes tous, et t’ouvres pas ton coeur à n’importe qui.
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Cursus |
Y’a qu’un truc que tu veux faire de ta vie, Suzanne, et c’est écrire. Des histoires, oui, t’aimes bien aussi, mais surtout, tu veux écrire des paroles de chansons. T’aimes bien trouver des instrus sur youtube, et créer une chanson avec. T’aimes bien chanter, un peu, mais t’as un peu honte, avec ta voix cassée. Pourtant, ça donne un sacré charme. Mais tu publies rien, t’as pas assez confiance en toi pour ça. T’aimes rapper, aussi. Ecrire des paroles qui font vibrer et réfléchir sur le monde. T’as trop de trucs à dire. Bref, t’es en musicologie, en Melpomène.
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Caractère |
T’es sombre, Suzanne. Intimidante, difficile à approcher. Parce-que t’as l’air fermée et que tes yeux expriment trop de choses compliquées. T’es pas vraiment méchante, mais tu fais comme si tu l’étais, surtout quand ils s’agit d’hommes. T’es directe, crue, franche. Tu veux pas laisser les hommes se rapprocher de toi, et tu veux pas te rapprocher d’eux. T’as peur. T’as du mal à accorder ta confiance. T’es prudente, observatrice. Tu veux plus refaire la même erreur. Y’a un truc en toi qui est brisé : c’est ton coeur.
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T’es sensible, Suzanne. C’est pour ça que t’es comme tu es. T’es sensible aux horreurs de ce monde, aux horreurs qu’on t’a fait. Et pour survivre, tu te sens obligée d’être horrible à ton tour. Pour te protéger, pour vivre, tant que l’envie ne s’est pas encore totalement éteint. Et souvent, tu te poses une question existentielle ; pourquoi t’existes ? Pourquoi t’es née ? T’as pas envie de mourir, Suzanne, mais t’aurais aimé ne jamais avoir vécu, parfois.
T’es fermée, renfermée, aigrie, désagréable, agressive, violente. Mais t’es aussi sensible, émotive, apeurée, fragile, et tu te sens terriblement seule.
Tu t’es déjà droguée, Suzanne. Mais t’as arrêté.
T’es un peu alcoolique sur les bords, parce-que t’as envie de t’oublier, d’oublier.
T’es une fumeuse.
Si tu meurs aujourd’hui, t’iras sûrement en enfer. Mais t’espères bien en emporter quelques autres avec toi.
Suzanne Vertucci
Tu manquais déjà d’attention quand t’étais petite, Suzanne. Tes parents s’occupaient surtout de ton grand-frère, Oscar. Un prodigieux élève de médecine, qui est aujourd’hui chirurgien. Il fait la fierté de la famille, malgré son caractère déplorable. Un être abject, prétentieux, égoïste, qui n’hésitait pas à te malmener quand t’étais gosse, et à te dire que tu lui arriverais jamais à la cheville. T’as été délaissée trop tôt. Et quand il est parti de la maison pour prendre son indépendance, c’est Stella qui a pris le relais. Ta petite-soeur. Elle était si adorable, que tout le monde l’aimait. C’était aussi une vraie chipie, une vraie peste, une bouffonne de première qui jouait plutôt bien la comédie. Doux sourires à la famille, mais sourires moqueur envers toi. Elle t’a toujours prise de haut. Tu t’es alors toujours demandé ; pourquoi ici, c’est toi, le vilain petit canard ?
T’as pas de talent. T’as pas d’ambition. T’as pas une aussi jolie bouille que Stella, et t’as pas la mémoire d’Oscar. T’as rien. T’es une merde. Tu vaux que dalle.
Tes parents t’ont bien fait comprendre tout ça. Pas par des paroles, mais par des regards, des actions. Ce sont des foutus lâches. Tu les détestes, t’as envie de les renier.
Des pensées atroces se sont mis à tourbillonner dans ta tête, mais là où t’as vraiment chuté, c’est quand t’as subi la pire trahison de ta vie. T’avais 16 ans, un copain que t’aimais à la folie. Il n’y avait que lui, dans ton coeur. T’avais ni famille ni amis, que lui. Vous sortiez ensemble depuis quelques mois, et c’était l’amour fou, il était le seul à te rendre heureuse. C’était le seul avec qui tu pouvais rire enfin aux éclats sans penser au pire.
(TW : Agression sexuelle)
Il t’a invité chez lui, ses parents étaient pas là. Il t’a posé sur le lit. Toi, tu voulais juste l’embrasser, ça te suffisait. T’avais pas forcément envie d’aller plus loin, t’avais un peu peur de le faire, en réalité. Un peu pudique, un peu timide. Mais il insistait. Toi, ça te gonflait, tu disais non. Non, non, je veux pas, s’il te plaît, laisse-moi tranquille, que tu disais. Il est devenu violent, agressif. T’as commencé à pleurer, à crier, à supplier. Tu voulais pas. Pas comme ça.
Ton coeur s’est brisé cette nuit-là, et ton corps, c’est comme s’il t’appartenait même plus. T’as essayé la drogue pour tenter d’oublier, mais tu t’es rendu compte que c’était de la merde, et tu t’es un peu reprise en main. Même si l’alcool passe toujours entre tes lèvres à ce jour, ça te paraît un peu moins grave. T’as envie de détruire ton corps, mais en même temps, tu veux pas être aussi faible, tu veux pas qu’ils gagnent, tu veux gagner. T’as passé un moment à sombrer, avec la drogue, les vols, les rackets et menaces au couteau, les gardes à vue… une vraie délinquante, une rebelle. Mais t’as remonté la pente quand t’as eu la majorité.
“Putain, mais qu’est-ce que je fous ?”, que tu t’es dis. T’as pris un moment pour réfléchir et pour prendre du recul sur ces deux dernières années, et tu t’es relevée, tant bien que mal.
T’es partie de la maison, t’as renié ta propre famille, ces salauds pour qui tu importais peu. Ils t’ont proposé de t’inscrire à Sekang et de payer pour toi, sûrement histoire de faire preuve d’un acte familial. T’as refusé. Tu voulais te venger, leur montrer que tu valais mieux que ce qu’ils ont toujours pensé, leur montrer que tu te débrouillerais très bien sans eux. Tu ne voulais pas perdre, tu voulais gagner. T’avais la rage de vaincre, la rage de guérir. T’as pris ton indépendance, t’as étudié comme une folle, tu t’es remise à niveau, t’as un peu travaillé. C’était dur, tu te sentais obligée de te bourrer la gueule de temps en temps, mais ensuite, tu revenais plus forte. T’as bossé tellement dur, que t’as réussi à choper une bourse pour étudier à Sekang. En vrai, t’as intérieurement hurlé de joie.
T’es devenue une femme forte, débordante de confiance en soi et de maturité.
Mais faut pas oublier que c’est qu’une putain de façade pour survivre.