black widow
Âge |
23 ans.
Cursus |
Qu’il était dur, ce choix. On aurait pu se demander pourquoi. Était-ce la peur de l’avenir, l’angoisse de se lier, pour l’éternité, à quelque chose qu’on ne saurait peut-être pas aimer jusque-là ? Ou peut-être encore était-ce parce que ce choix, il n’était qu’une illusion camouflée sous des “ne fais pas ça” ? Mais, s’il s’était écouté, lui, il aurait fait quoi ? Danseur de ballet. Chanteur. Artiste dans un atelier que la poussière aurait tapissé. Dans le luxe, comme un grand couturier. Et pourquoi pas ? Parce que “ce ne sont pas de vrais métiers”. Des paroles que ses parents avaient aimé échapper, et lui, comme un idiot, il les avaient écouté… Enfin, à moitié. Dans un subtil compromis, il avait choisi de se lancer dans une filière d’art, afin de poursuivre le rêve d’une carrière de directeur artistique. Une envie furtive, qu’il avait saisie sans trop réfléchir… C’était bien son genre, à lui, de suivre les lubies qui frappent l’esprit, sans trop s’inquiéter de savoir si le temps ira évanouir l’ardeur de ces vifs désirs.
Nationalité |
L’odeur du pin, ces senteurs d’ailleurs, l’étendue azurée et le sel incrusté dans les cheveux, comme des étoiles que le ciel aurait laissé tomber pour couronner le pieu. La vigueur des matins, la vue bordée par la splendeur d’un astre victorieux, ces paysages méditerranéens, ils auraient été capables d’apaiser les coeurs des plus malheureux. Là où le sauvage valse avec l’urbanité, là où la roche berce une mer apaisée, c’est que ces lieux, ils étaient le mirage d’un Olympe édifié par les dieux. L’Italie, la voilà, la terre des félicités. Un paradis aux lignes d’un bucolique qu’on idéalise, mais il n’y avait que ces paysages qui avaient le céleste comme mirage. Parce que si c’était le visage d’un ange qu’on avait vu naître ici, ça n’était pas dans l’eden que son foyer s’était édifié. Des songes embrassent l’idylle, et le poème, lui, il n’enlace que le cadre de vie. Le tumulte des conflits, des disputes pour l’infime, oh, cette famille, combien de fois il l’avait maudite, cet enfant effronté et désobéissant ? Trop de fois, mais après tout, il l’avait bien cherché, l’impudent.
Caractère |
Un goût d’euphorie sur les lèvres, la folie logée dans les boucles légères ; un brin d’arrogance pour déborder les traits, et ce dédain qui berce la silhouette, il fallait voir comme il la rendait fière.
Éliséo qui se noie dans le beau, Éliséo, une âme folâtre que l’on portait comme un fardeau. Un coeur que borde la vanité, et dans l’iris, les traces d’une suffisance détestée. Ces cristaux aux teintes de l’acacia, ce bois qui valse avec l’immoralité, l’arrogance les avaient inondés. Des joyaux embrassés par le divin, mais ceux-là, peut-être les avaient-ils enlaidis, cet air hautain. Oh, il aurait presque la prestance d’un saint, pourtant, ils le savaient, ses parents, des séraphins, il n’en avait rien. Sûrement qu’il empruntait plus au malin qu’aux angelots éternisés là-haut. Père comme mère, ils vous l’auraient dit, cet enfant, il n’avait de souverain que son ego.
Regardez-le un peu. Éliséo et son orgueil qu’il portait presque comme un bijou ; toujours. Éliséo et cette audace, celle qui dans l’intensité de l’iris, éclatait tout le mépris qu’elle avait pour vous, et pourtant, en lui, il portait presque la chaleur du jour. Un sourire qui se fend d’une infâme fatuité, mais le plus patient, s’il prenait le temps de regarder, dans le brun de l’iris, c’était l’éclat d’une timide simplicité qu’il aurait pu y voir briller. Oui, si sous le voile d’une odieuse fierté, si l’impertinence qu’embrasaient les mots d’un garçon amusé de son irrévérence, s’étaient incrustés les fragments d’une indulgence qu’on aurait aimé pour l’éternité ? Qu’en savait-on, l’effronterie l’enjolive, une âme aux touches amères, il lui aurait été difficile de plaire avec cette exécrable condescendance… Mais l’impudence valse avec l’élégance, et la vanité, une bribe d’humilité, l’espace d’un court instant, l’aura délogé. Insaisissable, et alors que l'ingénuité d’un rire décore la splendeur de ces traits forgés dans la délicatesse, le sourire se teinte dans la laideur du mépris.
Un corps encombrant, une expressivité exacerbée, ce garçon, on l’aurait maudit d’être aussi bruyant. On l’aurait supplié de se taire, d’aller regarder ailleurs pour que cet orgueil, on réussisse à s’en défaire. Elle est presque acerbe sa vanité, on la lisait sur les traits d’un visage aux contours qu’il savait parfaits, on la décelait dans cette étincelle que l’iris faisait valser.
Quelques exécrables manières, qui n’avaient rien pour embellir ce détestable caractère. La brutalité d’une âme allègre, mais ce tableau, il était loin d’être achevé. Parce qu’Éliséo, c’était une féroce énigme, où la laideur étreint la pureté. Où l’insolence dissimule la maladresse, et l’indulgence se mêle à la suffisance. Une âme haïssable d’apparence, parce que la vanité, elle est tout ce qu’on saurait détester. L’effronterie embrasse les lèvres, mais s’égarent sur ces dernières, les spectres d’une divine euphorie. Oh, cette âme; il était si aisé de la détester… Comme il était facile de s’y attacher. Une dualité dans laquelle valsent les opposés, la fougue de cette vigueur qui vient enjouer des traits figés dans leur infâme suffisance, elle avait sûrement quelque chose pour envouter.
Un brin de brutalité, mais voilà, le plus patient, peut-être saurait-il récupérer dans les joyaux noircis par les spectres du mépris, les fragments d’un trésor, celui d’une délicate humanité. L’ivresse d’une splendide allégresse, ce corps, on l’aurait presque aimé, quand c’étaient les ombres d’une bonté enivrée qu’il laissait s’échapper. La peau dévoile son esquisse, et sur les taches brunies qui s’y logent, on aurait pu se demander si, en elles, elles piégaient les morceaux d’un paradis égaré. Un rire entêtant, un orgueil obsédant, oh, il y avait quelque chose, chez cet enfant, d’un peu déroutant. Dans l’hideur, sommeille l’étincelle d’une douceur qu’on aurait aimé éternelle ; une condescendance infecte, mais si, derrière ce voile, s’égaraient, avec pudeur, les étoiles d'une dévotion naturelle ?
Dans le brun de l’écorce, un féroce dédain,
L'éclat d’une douceur éphémère, son passage, il dégage l’odeur d’un pénible parfum ;
Sur le visage, une fatuité un peu sauvage, des tracés vilains, oh, qu’il était facile de le trouver détestable.
Il fallait le voir pourtant, quand l’ardeur de son entrain fait frissonner la chair, et la légèreté qui l’attrape, Éliséo ; cette vigueur frôlant la perfection, c’était certain, elle l’aurait rendu un peu moins haïssable.
Oh, et alors, dans l’euphorie de cette splendide passion, celle qui parvenait à effacer la vilenie de sa prétention, l’aurait-on trouvé plus beau, Éliséo ?
Eliséo Lamontae
Cette vie, le dédale d’un désordre au doux goût d’euphorie. Les banalités d’une âme qui s’affranchit des ordres établis, parce que ces interdits, elle les avaient tant haït. On court vers le danger, on s’éprend de la folie, on fait chanceler la moralité, pour laisser les ivresses nous bercer. Et ces rires, enfin, on les laisse s’évader. Parce que ceux-là, certains avaient su les aimer. La mélodie de ces joies remonte les années, et les souvenirs embrassent l’esprit qu’une brève nostalgie encense. Avait-t-elle un sens, cette vie ?
Ça n’avait pas d’importance. Eliséo il valsait seulement avec ses envies. Ça avait toujours été ainsi. De son enfance, jusqu’à son adolescence. Abject comportement que son père avait tant de fois maudit, mais lui, c’était seulement ses désirs qu’il avait suivis. Et alors, bon sot qu’il était, odieuse irrévérence aux lèvres, il s’abandonnait dans les frénésies que son coeur aux désirs de légèreté lui dictait.
“Tu ne veux pas te comporter comme un vrai garçon ?”
Sur l’air d’un refrain qui se répète, c’est la haine que l’on côtoie, sans qu’il ne soit demandé pardon. Ce père, il le lui avait reproché tellement de fois, de ne jamais rien faire comme eux. À se languir dans le futile, à n’aimer que les trucs de fille, mais qu’est-ce que ça voulait vraiment dire, de toute façon ? Pas grand chose, il fallait se l’avouer. Ses parents, ils le lui avait toujours reproché, cette masculinité vacillante, parce que lui, il aimait ce qu’il n’aurait jamais dû aimer. Le ridicule valse avec l’absurde, tout ce qui savait le rendre heureux l’enfant, ces éducateurs peu attendris l’avait dénoncé. Parce qu’il n’était pas comme ils l’avaient voulu, parce qu’il n’était pas devenu cet idéal que quelques rudes esprits avaient forgé. Une déconvenue qu’on observe tristement grandir, et l’échec d’une vie, lentement, se révèle dans la silhouette de plus en plus impudente. La copie de leurs attentes, un corps qui s’épuise à atteindre des idéaux, une enveloppe sans âme, qu’y avait-il de beau, là-dedans ? L’enfant, c’était l’audace qui l’animait, l’enfant, c’était dans la fougue de sa vitalité qui l’emportait. La liberté en bouche, oui, lui, il suivait simplement ce que son coeur soufflait. Un brin de désinvolture, ses envies, c’était bien là tout ce qui comptait. Il aurait fallu le voir sortir de sa chambre, un trait d'eyeliner pour sublimer l’arrogance de l’écorce dont revêtait l’iris, un blâme qu’on crache pour cet immonde blasphème, et l’effronté, le lendemain, il aura noirci le bas de l’oeil dans un féroce orgueil. Un conflit qu’il envenime, ces futilités, c’était presque s’il s’en délectait. Les interdits, il les brisait sur le rythme d’une irrévérence, un infâme sourire pour ponctuer l’offense, et après seulement, il admirait ce qu’il avait effondré : un effroyable chaos. Comme une fille, qu’ils disaient, sur la cadence d’un mépris qui s’éternise dans leurs traits. Comme une fille, et pourtant, tu ne leur ressemblais pas, sans manières, toi, tu aimais n’en faire qu’à ta tête, jouer comme il te plaisait, quitte à flirter avec l'excès. “Comporte-toi comme un garçon”, mais si le problème, c’était que ceux-là, tu les avais un peu trop aimé, hein, Éliséo ?
Drôle de vérité que l’on se gardait bien de crier. Oh, s’ils l’apprenaient, tes parents, comment crois-tu qu’ils réagiraient, eux qui te supportais déjà comme l’on supporte le pire des fardeaux ? Dans le regard, le reflet d’un fils s’enveloppe dans le déshonneur, oh, s’ils le savaient, ils te regarderait avec horreur. Voilà, Éliséo, il était bien tout ce qu’eux, avaient détesté. Il le savait, le gamin, il le voyait dans leurs yeux. Une honte qu’on aurait aimé cacher, et lui, il avait réussi à s’en amuser. Qu’il croyait. Comment la douleur n’aurait-elle pas envahi le coeur de celui auquel on ne cesse de reprocher sa façon d’exister ? Et le malheur de se voir considéré par ceux qui étaient censés l’aimer du plus pur des amours, le mépriser comme une déception dont on garde un désagréable goût d’amertume, n’avait-il pas tout pour effondrer
Un doux souvenir accompagne les années, celles qui embrassaient un bien drôle de passé. Sulfureux ? Peut-être un peu. Les éclats d’une insolence dans ces iris couleurs acacia, l’écorce de cet arbre empreint des faveurs divines, c’était toute leur splendeur qu’elle donnait à ces perles dans lesquelles il était facile de se noyer. Le visage qui se fend d’un rire, la musique qui enivre, et les fragments de la folie les inondaient dans les plus beaux vertiges. Le sauvage pour dessiner la prétention, Éliséo, il était une de ces âmes folâtres, celles qui se laissent border dans la frénésie d’une impulsivité qu’on saurait tracer dans la beauté des passions. Du genre à s’éterniser dans de drôles de lubies, une touche de folie pour égayer cette suffisance un peu austère, une obsession qui donnerait presque à cet être, l’éclat d’une certaine perfection. Difficile à saisir, l’esprit désordonné, un coeur évertué dans ses inspirations, et le goût de l’aventure pour danser avec les légèretés d’une envoûtante désinvolture. Le hasard pour baigner le regard, l’idylle d’une frénésie s’égare dans l’effronterie ostentatoire. L’air s’éveille dans son arrogance, celui-là, on aurait voulu l’effacer, mais pourtant, cette détestable fatuité, elle aurait presque rendu son superbe à cette divine allure. Ce corps, il dessinait dans son exubérance, les mirages de quelques trésors, et le visage, il soufflait des promesses que l’infernale impertinence avait rapidement dissipées.
Éliséo et sa terrible dualité, elle étreint l’image d’un gamin un peu fier, qu’un fragment d’humilité, il fallait le trouver, aurait décoré. L’élégance d’une indulgence, cet éclat de beauté on aurait aimé savoir où ce coeur condescendant l’avait caché. Dans l’iris, où valse le mépris, dans la prestance qui trahit l’effronterie, oh, peut-être que dans cette âme qu’on dépeint dans l’infâme, il y logeait la lueur du plus joli.
La suffisance embrasse l’affable, l’égoïsme, il en deviendrait presque admirable.
Une insolence valse avec l’ineffable, une âme irréfléchie qu’on aurait trouvé exécrable ;
Mais dans l’iris, brillent des éclats d’innocence, sur le sourire, un goût d’euphorie, oh, et si Éliséo, il n’était pas si haïssable ?